LA SYMBOLIQUE DE L'EAU DANS LA BIBLE
Le symbole biblique de l'eau associé à l'Esprit est l'objet d'une grande inclusion dans l'histoire biblique : il revient en Genèse 1,2 et en Apocalypse 22,17. L'eau est source de vie et fait revivre l'esprit. Les valences de l'eau sont diversifiées dans la Bible : l'eau purifie et féconde, elle étanche la soif et elle guérit. Zacharie 13 avait annoncé qu'une source devait jaillir de Jérusalem pour la purification des habitants. Dans le premier Testament l'eau symbolisait soit la Loi soit l'Esprit .
Cinq symbolismes majeurs
Cinq directions essentielles du symbolisme de l'eau sont connues : celle de l'eau germinale et fécondante, celle de l'eau médicinale, source miraculeuse ou boisson d'éternité, celle de l'eau lustrale, celle enfin de l'eau diluviale permettant la purification et la régénération du genre humain.
L'eau germinale et fécondante s'explique par le fait qu'une des premières expériences de l'humanité est d'établir le lien entre la pluie et la croissance de la végétation. L'eau tombe du ciel, féconde la terre après l’avoir purifiée. Il en est de même de la Parole de Dieu qui vient du ciel, purifie et féconde, affirme le midrash Cantiques Rabbah. Ce commentaire juif rappelle que l'eau est conservée dans des jarres de terre et non pas dans des vases en or ou en argent, ce qui signifie que la Parole de Dieu demeure chez celui qui est humble, qui sait qu'il est fait de terre et qu'il retournera à la terre.
L'eau est médicinale puisqu'elle est l'inductrice de toute fécondité. Elle peut également redonner, prolonger et sauver la vie puisqu'elle en est la donatrice première.
L'eau est purifiante comme le prouve l'expérience courante de l'eau utilisée pour laver et pour faire disparaître les impuretés. Par l'immersion du bain rituel ou du baptême le symbolisme de l'eau fécondante, régénératrice, médicinale et purificatrice se concentrent dans un même rite.
L'eau est diluviale comme les mythes diluviaux universels l'attestent. Le déluge rejoint le mythe de l'éternel retour aux origines. La notion cyclique du temps exprime cette réalité. Il s'agit de rejoindre l'idéal de l'origine car celui-ci n'a pas été encore corrompu par l'histoire. Le déluge est l'événement purificateur qui permet la fin d'une humanité et le début d'une humanité nouvelle.
Moïse exprime la même réalité que Noé. Il est « tiré et sauvé des eaux » pour donner naissance à un peuple libre. En passant la mer Rouge, le peuple est libéré, il est immergé dans l'eau, il renaît, tout en étant préservé du passage par la mort, contrairement aux Égyptiens et à tous ceux qui ont été engloutis par le déluge mais sont finalement sauvés comme Noé. Noé et Moïse enfant flottent sur les eaux du déluge, alors que le peuple passe à pied sec dans les eaux de la mer (Ex 14,21).
Le salut que Dieu apporte à son peuple est symbolisé par l'eau : le Seigneur fait couler de l'eau, ou jaillir des sources dans le désert. Le Seigneur va désaltérer les assoiffés : la soif représente l'exil, l'oppression, et l'eau la libération, le bonheur. En Isaïe 44,3-5, le salut va plus loin que la simple libération, l'eau devient symbole de l'Esprit qui inspire à Israël une nouvelle fidélité au Seigneur. De la même façon, Dieu change les steppes arides en pays verdoyants, symbole de renouveau et de vivification (Isaïe 41,19; 45,18) où le salut et la justice ruissellent comme la rosée et germent comme les plantes (ls 49,9; 55,13). Inversement, Dieu peut assécher les rivières, dévaster la nature, en signe de sa puissance que rien n'arrête, de sa victoire sur ses ennemis, ou de la manifestation de sa colère contre l'impiété.
La fête des Tentes avait mis au centre de la liturgie la procession à la piscine de Siloé en passant par la porte des eaux. C'est de là que devait jaillir la source annoncée par le prophète Ézéchiel, source qui allait se jeter dans la mer Morte.
Au chapitre 21 de l'Évangile selon saint Jean la pêche miraculeuse au bord du lac de Galilée exploite le symbolisme des 153 gros poissons qui peut renvoyer à la gematrie (valeur numérique des lettres) de Eglaim de Ézéchiel 47,10, endroit où les pêcheurs jetteront leurs filets.
La prophétie d'Ézéchiel 47 est fondamentale dans la tradition juive. Dans la version de la Tosephta Succot 3,3 et du Midrash Pirqe de Rabbi Eliézer 51 l'eau qui sort du Temple se divise en trois, une partie va vers la grande mer, une partie vers la mer Morte et une partie vers la mer de Tibériade. D'après la version du Targum Ez 47,8 les eaux de la mer Morte sont purifiées au contact avec l'eau qui sort du Temple.
L’eau, capable de jouer le rôle d'un miroir, a comme caractéristique d'échapper. Elle échappe parce qu'elle n'a pas de forme tout en étant capable d'épouser toutes les formes possibles et imaginables. Elle va épouser la forme d'un vase et dès qu'elle est versée dans un verre, elle en épouse la forme. Elle échappe parce qu'elle a une très grande capacité de division. Elle s'évapore et, si on l'enferme, elle profite de la moindre faille. La maîtrise de l'eau a mis beaucoup de temps dans l'histoire.
Les eaux symbolisent la totalité des virtualités, la matrice de toutes les possibilités d’existence. Elles précèdent toute forme et l’immersion en elles, symbolise la régression dans le préformel, la régénération totale, une nouvelle naissance, car elles contiennent les germes de vie nouvelle, elles guérissent et, dans les rites funéraires, elles symbolisent la vie éternelle. Elles sont ainsi élevées au rang de symbole de vie. C’est pourquoi l’eau de
LA SYMBOLIQUE DU FEU DANS LA BIBLE Le thème du feu, que ce soit sous la forme de la lumière ou encore du feu lui-même est l'un des plus répandus dans la Bible. Ainsi, selon un relevé rapide effectué dans la BIBLE on peut constater que le mot feu est utilisé 483 fois, et celui de flamme 58, soit un total de 541 occurrences. Si l'on y rajoute le mot lumière, qui est écrit 225 fois, on arrive à un total de 766 citations. Certes, ces 766 citations ne sont rien au regard de l'invocation de Dieu, qui revient 4.698 fois, mais elles sont très significatives si l'on songe que le mot amour ne revient que 172 fois, celui de justice/jugement 616 fois, celui de juste 435 fois et celui de Loi 627 fois. On peut donc d'ores et déjà percevoir l'importance du thème du feu dans l'ensemble de la Bible. Le thème du feu est un thème central de la Bible. Les formes et les sens sont cependant très variables : Le feu peut ainsi être gloire et grandeur de Dieu (Dt 5, 24 ; He 12, 29 ; …), parole ou appel de Dieu (Gn 15, 17-18 ; Is 20, 9 ; Jr 30, 27 ; …), manifestation ou présence de Dieu (1R 18, 38 ; Ps 68, 3 ; …), ou encore manifestation de la force de l'Amour (Ct 8, 6 ; …). Il peut aussi être guide des hommes, guide du peuple de Dieu (Ex 13, 21). En ce sens, le feu est vie, gloire du seigneur. Cette vision du feu trouve son apothéose grandiose et majestueuse dans le signe de la Pentecôte (Ac 2, 3), l'Esprit Saint, personne de la Trinité. Comment ne pas songer au prologue de l'Évangile de Jean :« Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu » (Jn 1, 1), ce qui nous renvoie aux sens précédents. On peut donc d'ores et déjà présumer, à l'aune de la Pentecôte, que lorsque le feu qui embrase sans consumer (Ex 3, 2) est présent à tous les moments clés de l'Histoire sainte, et toujours pour traduire la présence de Dieu lui-même ; c'est le sens du buisson ardent (Ex 3, 2-4), annonce de la révélation de Dieu à Moïse. Il ne semble donc pas nécessaire de devoir distinguer de différences substantielles entre le feu du buisson et celui de la Pentecôte qui éclaire les Apôtres et scelle le destin de l'Église. Une note dans la Bible de Jérusalem, sous [Ex 19, 16] rappelle d'ailleurs qu' orage, vent, feu, tonnerre, nuée sont des signes traditionnels de la présence de Dieu, maître des forces de la nature, de sa majesté, de la crainte qu'il inspire.
Pour finir, le feu, du moins appliqué à Dieu, peut aussi être purification et châtiment (Gn 3, 24 ; Is 5, 24 ; Lc 16, 24), expression du jugement de Dieu qui purifie (Is 10, 17).
On retrouve le feu comme signe de l'Alliance, par exemple à l'occasion de l'alliance entre Dieu et Abraham. Néanmoins, cette alliance est plus personnelle que celles avec Adam ou Noé, car non plus établie avec l'humanité, mais avec un homme, sa lignée, sa descendance, donc avec un peuple : Israël, peuple dont le destin sera désormais lié au dessein de Dieu. Désormais, le projet messianique de Dieu ne sera relancé qu'au travers d'Abraham (Gn 15, 17-21 ; 17, 1-14) et de la notion de peuple élu. Par l'alliance avec Abraham, Dieu a établi Israël comme son peuple (Lv 26, 12), et, dès lors, Dieu aime son peuple qui le suit, le chargeant d'une lourde mission qu'il ne perçoit pas toujours : celle de préparer la venue du Christ. Israël est ainsi le destinataire de la Promesse, non pas en tant qu'ensemble d'individus, mais en tant que peuple. Israël a donc ici un sens eschatologique, mais aussi une dimension historique qu'il ne faut pas oublier. Cette vocation d'Israël se retrouvera confirmée par la Promesse faite à Moïse (Ex 3, 13-15) ; ce sera dès lors, et ce jusqu'au Christ, non plus l'histoire de l'humanité unie mais celle du peuple uni. Mais là encore, même si la Promesse universelle de Yahvé s'étend à toute la terre (Ex 19, 5), elle sera d'abord reliée à l'Alliance avec Moïse (Ex 24, 1-11 ; 34, 10-13), malgré la tentation des idoles (2R 21, 23), avec la lutte contre les faux dieux (Ex 34, 14). Ce qui prime alors, ce n'est pas l'idée d'amour universel, mais celle d'élection, cette élection apparaissant déjà dans le sacrifice d'Abraham (Gn 22, 15-18) et confirmée à de nombreuses reprises (Is 48, 15 ; Os 2, 21-22). Néanmoins, l'histoire d'Israël sera celle d'un Salut inaccompli (Jr 31, 31-34), seule la venue du Christ étendant à nouveau à tous les hommes la Promesse du Salut et de la Rédemption (Ep 3, 5-6) ; en ce sens, et ainsi que l'a écrit Irénée de Lyon dans sa Démonstration de la prédication apostolique, l'histoire sainte d'Israël devrait s'interpréter comme la prophétie du Christ Jésus.
L'alliance avec Abraham se fît en deux temps - comme dans le cas de Noé - : - une annonce au cours de laquelle Dieu semble parler directement avec le Patriarche qui accepte de marcher désormais en confiance en, avec et derrière le Seigneur (Gn 12, 2-3) ;
- puis, un établissement de l'alliance elle-même, là encore avec Dieu parlant, mais en une vision, puis une torpeur. Ici apparaît l'image du feu, image que l'on pourrait peut-être rapprocher de l'Autel des holocaustes (Gn 27, 1-8) sous certains aspects, ainsi qu'avec [Gn 24, 5-8], avec l'aspersion du sang, image que l'on retrouvera avec « le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle » établie par Jésus-Christ. C'est l'épisode du four brûlant et du brandon de feu passant entre les animaux partagés (Gn 15, 17-18) ; on peut ici percevoir une certaine identité avec [Ex 19, 18] : ce brandon de feu, c'est Dieu lui-même qui passe entre les morceaux de chair pour sceller l'alliance-contrat avec Abraham, l'usage rappelé en [Jr 34, 19] étant alors de découper une bête en deux et de passer entre les morceaux pour montrer que l'on concluait un contrat ou une alliance. Dieu montre bien à Abraham qu'il a conclu avec lui une alliance solennelle et définitive. Le feu est ici Dieu lui-même.
C'est surtout lors de l'Alliance avec Moïse que l'on retrouve l'image du feu, et ce à au moins deux moments, cette Alliance pouvant se décliner en trois temps : la vocation, la révélation de l'Alliance, la conclusion de l'Alliance, le feu étant directement présent dans les deux premiers de ces temps. Par l'appel qu'il lance à Moïse, par la définition de sa vocation (Ex 3, 1-20) ; Dieu lui donne une mission : sauver son peuple, avec le très beau :
« Je suis celui qui suis !» (Ex 3, 14).
C'est l'épisode du buisson ardent :
« Le buisson était embrasé mais le buisson ne se consumait pas » (Ex 3, 2).
Si Moïse va changer son chemin pour aller voir ce buisson mystérieux, il ne sait pas encore qu'il vient d'être ébloui par Dieu, de changer le chemin de sa vie ; désormais, ayant « vu » Dieu qui s'exprime au travers ce buisson et traduit sa magnificence par ce feu, expression solennelle de l'Esprit si on revient à la Pentecôte, il ne peut plus ignorer ni ses frères, objets de sa mission, ni surtout Dieu, ou plutôt sa révélation. Comme Dieu a envoyé les Apôtres « remplis de l'Esprit Saint » (Ac 2, 4) pour transmettre la Bonne Nouvelle de son Fils au monde (repenser ici à Ga 3, 26-28), et ce par l'entremise du feu qui est sans consumer, Dieu envoie Moïse pour guider son peuple. On pourrait presque dire que l'épisode du buisson ardent est la Pentecôte de l'Ancien testament, ces deux feux étant celui de l'Esprit Saint venu parler aux hommes par l'intermédiaire d'un des leurs. Néanmoins, une différence : ici, Dieu parle, alors qu'à la Pentecôte ce sont les Apôtres qui parlent… La Théophanie, la révélation de l'Alliance est donc un dialogue (Ex 19, 16-25), Dieu parlant par le tonnerre, mais elle est aussi feu puisque Dieu descend sur la montagne dans le feu (Ex 19, 18). C'est à la fois rappel de sa vocation à Moïse, mais surtout expression de la grandeur de Dieu.
Le feu est donc présent dans ces exemples pour, et uniquement pour, sceller l'Alliance. Il serait comme une solennité octroyée par Dieu aux hommes pour qu'ils puissent conceptualiser matériellement - et non pas seulement spirituellement et ce de par la nature humaine elle-même - le contrat absolu qu'est une Alliance. C'est peut-être pour cela que le feu est présent au moment de l'établissement de l'Alliance avec Abraham, à celui de la vocation de Moïse et à celui de la révélation de l'Alliance en Horeb, et non à chaque moment de Dieu. C'est peut-être pour cela que le feu est revenu à la Pentecôte pour sceller la Nouvelle Alliance. Ce feu, c'est le Verbe matérialisé, d'où son absence pendant la présence humainement terrestre du Christ, car Il était déjà incarné. Avec Jésus, Dieu se fait homme. Il n'a plus besoin de médiateur. Le Christ est le feu divin lui-même, car il est la lumière absolue :
« Je suis la lumière du monde. Celui qui vient avec moi ne marchera pas dans la nuit, mais il est la lumière et la vie » (Jn 8, 12).
Par contre, on remarquera que l'image du sang est présente, notamment lors de la mort de Jésus, mais surtout au travers de la coupe qui est la nouvelle Alliance dans le sang du Christ versé pour tous les hommes (Lc 22, 20). Ce feu, c'est la signature de Dieu au bas du contrat de l'Alliance. LA SYMBOLIQUE BIBLIQUE DU VENT OU DE L'AIR
Note : Esprit saint, souffle et vent Lors de la fête de la Pentecôte, les chrétiens célèbrent le don de l'Esprit Saint sur les apôtres. Celui-ci est décrit "comme un fort coup de vent". L'expression est une image très concrète, issue de l'Ancien Testament, pour dire l'indicible.
Les auteurs bibliques ont exprimé la présence de Dieu dans sa création à partir des mots et des réalités très simples qui s'enracinent dans l'expérience quotidienne la plus courante. Ainsi parlent-ils volontiers de Dieu en le comparant à des phénomènes naturels comme le souffle, le vent, l'eau ou le feu qui ont comme caractère commun de n'avoir pas de formes distinctes et d'échapper aux limites des réalités matérielles et visibles qui nous entourent. Ces images permettent de bien exprimer l'expérience de l'envahissement d'une présence et d'une expansion irrésistible. Elles permettent également de parier un peu du mystère de la présence de Dieu parmi les hommes.
L'Ancien Testament a des mots différents pour parier du souffle. Celui qui est le plus fréquent est le mot "ruah". Un mot très difficile à traduire car riche de significations très diverses. Il évoque le vent et l'espace. Il désigne ce qui sépare Dieu de l'homme, et en même temps l'espace vital que Dieu possède et auquel l'homme participe tant qu'il vit. La "ruah" est un espace invisible, une atmosphère extérieure à l'homme qui, en évitant toute fusion avec Dieu, lui permet de vivre. La vie même exige donc cet espace et ce vide voulus et donnés par Dieu lui-même.
Cet espace n'est pas ordinaire. Il est l'endroit où Dieu communique avec les hommes. À certains moment, les relations peuvent être sereines. Il n'y a pas un nuage dans le ciel. A d'autres moment les relations sont plus tendues, voire orageuses. Le vent, sous ses différentes formes, symbolise ces relations entre Dieu et les hommes. Le prophète Ézéchiel parle ainsi des "quatre ruah", c'est-à-dire du vent qui accourt des quatre points cardinaux. Cette "ruah" est l'instrument de Dieu qui, grâce à elle, transforme le monde et fait "des vents ses messagers" (Ps 104, 4).
| Instrument entre les mains de Dieu |
Cette "ruah" exprime les diverses relations de Dieu avec les hommes. Quand Ézéchiel évoque la colère du Seigneur contre les mauvais prophètes d'Israël il annonce une tempête destructrice :
"C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Dieu: Dans ma fureur le ferai éclater le vent des tempêtes, ma colère enverra une pluie torrentielle et ma fureur des grêlons destructeurs. J'abattrai le mur que vous avez enduit de crépi, je le précipiterai à terre et ses fondations seront mises à nu. il tombera et vous disparaîtrez là, au milieu. Alors vous connaîtrez que le suis le Seigneur" (Ez 13,13-14).
Dans l'épisode des dix plaies d'Égypte, Dieu se sert du vent d'est pour amener un fléau :
"Moïse étendit son bâton sur le pays d'Égypte et le Seigneur dirigea un vent d'est sur le pays, tout ce jour-là et toute la nuit. Vint le matin : le vent d'est avait apporté les sauterelles" (Ex 10,13).
Et il se sert du vent d'ouest pour le faire disparaître : "Le Seigneur changea le vent en un très fort vent d'ouest qui emporta les sauterelles et les repoussa vers la mer des Joncs. Il ne resta pas une sauterelle sur tout le territoire de l'Égypte" (Ex 10, 19).
D'une façon plus spectaculaire encore le vent joue un rôle capital dans l'action libératrice de Dieu lors de la sortie d'Égypte, au bénéfice d'Israël :
"Moïse étendit la main sur la mer Le Seigneur refoula la mer toute la nuit par un vent d'est puissant et il mit la mer à sec. Les eaux se fendirent et les fils d'Israël pénétrèrent au milieu de la mer à pied sec, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche" (Ex 14,21-22).
Et, bien évidemment, le même vent souffle au détriment de Pharaon et de son armée :
"Tu fis souffler ton vent, la mer les recouvrit, ils s'engouffrèrent comme du plomb dans les eaux formidables" (Ex 15,10)
| Nul ne peut enfermer le vent |
L'image du vent, du souffle, est également très suggestive à un autre point de vue. De même en effet qu'on ne peut enfermer ou retenir le vent, on ne peut enfermer ou retenir Dieu dans quelques limites que ce soit. On ne peut mettre la main sur cette "ruah", ce souffle de Dieu, dont on entend la voix et dont on reconnaît le passage seulement grâce à certains signes, parfois très explicites, parfois très ténus et discrets. C'est bien un souffle, un vent dont nul ne peut savoir "" ni d'où il vient, ni où il va " (Jn 3,8).
La "ruah" apparaît donc comme un souffle de puissance multiforme et imprévisible par lequel Dieu accomplit l'œuvre de sa création et intervient à sa manière dans l'histoire des hommes.
| La force des chefs et des rois |
Dieu communique son souffle pour donner sa force aux hommes. Ainsi en est-il des juges, ces chefs de guerre qui, avant l'institution de la royauté avec David, aident les tribus d'Israël à se protéger contre les envahisseurs. Soutenus par le souffle de Dieu, ils sont capables, malgré les difficultés, d'aller courageusement de l'avant comme le juge Othniel que la "ruah" de Dieu incite à partir à la guerre pour délivrer Israël : "L'esprit du Seigneur fut sur lui, il devint juge d'Israël et se mit en campagne" (Jg 3,10).
Cette même "ruah" tombe sur Saül et le transforme : "Alors fondra sur toi l'esprit du Seigneur tu entreras en transe avec eux et tu seras changé en un autre homme" (1 S 10.6). Elle est donnée par Dieu aux rois. C'est le cas dans l'épisode fameux de l'onction du plus petit des fils de Jessé par le prophète Samuel :
"Le Seigneur dit: 'Lève-toi, donne-lui l'onction, c'est lui.' Samuel prit la corne d'huile et il lui donna l'onction au milieu de ses frères et l'esprit du Seigneur fondit sur David à partir de ce jour" (1 S 16,12-13).
Dans l'un des textes les plus fameux du livre d'Isaïe le prophète décrit le roi idéal investi de l'esprit :
"Un rameau sortira de la souche de Jessé, / un rejeton jaillira de ses racines. / Sur lui reposera l'esprit du Seigneur : / esprit de sagesse et de discernement, / esprit de conseil et de vaillance, / esprit de connaissance et de crainte du Seigneur" ( Is 11,1-2).
L'esprit est donné également aux prophètes. Ils sont revêtus, frottés, "oints" de l'esprit du Seigneur. "L'Esprit du Seigneur est sur moi, car le Seigneur m'a donné l'onction : il m'a envoyé proclamer la Bonne Nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux capte la libération, et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce de la part du Seigneur " (Is 61,1-2).
| Sur le peuple tout entier |
Ézéchiel annonce que cette force divine sera donnée à tout le peuple qui recevra un esprit neuf :
"Je vous donnerai un cœur neuf et je mettrai en vous un esprit neuf, j'enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon propre esprit, je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes" (Ez 36,26-27).
Le prophète Joël affirme la même chose. L'esprit est "répandu" sur les habitants de Jérusalem. Tout le monde sera concerné, les jeunes et les vieux, les hommes et les femmes et même les esclaves. Ils deviendront un peuple de visionnaires, interprètes attitrés de la volonté de Dieu :
"Après cela, je répandrai mon esprit / sur toute chair / Vos fils et vos filles prophétiseront, / vos vieillards auront des songes, vos jeunes gens auront des visions. / Même sur les serviteurs et les servantes, / en ce temps-là, je répandrai mon esprit" (Joël 3,1-2).
Dans le discours qu'il met dans la bouche de Pierre le jour de la Pentecôte, Luc cite longuement cette prophétie de Joël car en ce jour, avec la venue de l'Esprit Saint, les Écritures s'accomplissent (Ac 2,16-21). Avec la mort et la résurrection de Jésus et le don de l'Esprit, les temps nouveaux sont arrivés. Le règne de Dieu est définitivement inauguré.
Citations de la Bible sur la foi
(26) Et Jésus leur dit: Pourquoi êtes-vous effrayés, hommes de peu de foi? Alors Se levant, Il commanda aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme. (Matthieu 8:26)
(31) Et aussitôt Jésus, étendant la main, le saisit, et lui dit: Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? (Matthieu 14:31)
(21) Jésus leur répondit: En vérité, Je vous le dis, si vous avez la foi et que vous n'hésitiez point, non seulement vous feriez ce que J'ai fait à ce figuier, mais quand même vous diriez à cette montagne: Ote-toi de là et jette-toi dans la mer, cela se ferait. (Matthieu 21:21)
(40) Puis Il leur dit: Pourquoi êtes-vous effrayés? N'avez-vous pas encore la foi? Et ils furent saisis d'une grande crainte; et ils se disaient l'un à l'autre: Quel est donc Celui-ci, à qui les vents et les mers obéissent? (Marc 4:40)
(22) Jésus lui dit: Si tu peux croire, tout est possible à celui qui croit. (23) Et aussitôt le père de l'enfant s'écria, disant avec larmes: Je crois, Seigneur; aidez mon incrédulité. (Marc 9:22-23)
(52) Jésus lui dit: Va, ta foi t'a sauvé. Et aussitôt il vit, et il suivait Jésus sur le chemin. (Marc 10:52)
(36) Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colére de Dieu demeure sur lui. (Jean 3:36)
(7) (car c'est par la foi que nous marchons, et non par la claire vue); (2 Corinthiens 5:7)
(6) Car, dans le Christ Jésus, ni la circoncision, ni l'incirconcision n'a de valeur, mais la foi qui agit par la charité. (Galates 5:6)
(8) Si quelqu'un n'a pas soin des siens et surtout de ceux de sa maison, il a renié la foi, et il est pire qu'un infidèle. (1 Timothée 5:8)
(7) J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. (2 Timothée 4:7)
(1) Or la foi est la substance des choses qu'on espère, une démonstration de celles qu'on ne voit pas. (Hébreux 11:1)
(6) Or, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu; car il faut que celui qui s'approche de Dieu croie qu'Il existe, et qu'Il récompense ceux qui Le cherchent. (Hébreux 11:6)
(6) Mais qu'il demande avec foi, sans hésiter. Car celui qui hésite est semblable au flot de la mer, qui est agité et poussé de côté et d'autre par le vent. (Jacques 1:6)
(14) Mes frères, que sert-il à quelqu'un de dire qu'il a la foi, s'il n'a pas les oeuvres? Est-ce que la foi peut le sauver? (Jacques 2:14)
(17) Il en est de même de la foi: si elle n'a pas les oeuvres, elle est morte en elle-même. (18) Mais quelqu'un dira: Tu as la foi, et moi j'ai les oeuvres. Montre-moi ta foi sans les oeuvres, et moi je te montrerai ma foi par les oeuvres. (19) Tu crois qu'il n'y a qu'un Dieu, tu fais bien; les démons le croient aussi, et ils tremblent. (20) Mais veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les oeuvres est morte? (21) Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les oeuvres, lorsqu'il offrit son fils Isaac sur l'autel? (22) Tu vois que la foi coopérait à ses oeuvres, et que par les oeuvres sa foi fut rendue parfaite. (Jacques 2:17-22)
(24) Vous voyez que l'homme est justifié par les oeuvres, et non par la foi seulement. (Jacques 2:24)
(26) De même, en effet, que le corps sans âme est mort, ainsi la foi sans les oeuvres est morte. (Jacques 2:26)
(4) Car tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde; et ce qui remporte la victoire sur le monde, c'est notre foi. (1 Jean 5:4)
LA SYMBOLIQUE DE LA TERRE DANS LA BIBLE
Deutéronome 8
La terre promise et la reconnaissance envers Dieu
8.1 Vous observerez et vous mettrez en pratique tous les commandements que je vous prescris aujourd'hui, afin que vous viviez, que vous multipliiez, et que vous entriez en possession du pays que l'Éternel a juré de donner à vos pères.
8.2 Souviens-toi de tout le chemin que l'Éternel, ton Dieu, t'a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de l'humilier et de t'éprouver, pour savoir quelles étaient les dispositions de ton coeur et si tu garderais ou non ses commandements.
8.3 Il t'a humilié, il t'a fait souffrir de la faim, et il t'a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas et que n'avaient pas connue tes pères, afin de t'apprendre que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l'Éternel.
8.4 Ton vêtement ne s'est point usé sur toi, et ton pied ne s'est point enflé, pendant ces quarante années.
8.5 Reconnais en ton coeur que l'Éternel, ton Dieu, te châtie comme un homme châtie son enfant.
8.6 Tu observeras les commandements de l'Éternel, ton Dieu, pour marcher dans ses voies et pour le craindre.
8.7 Car l'Éternel, ton Dieu, va te faire entrer dans un bon pays, pays de cours d'eau, de sources et de lacs, qui jaillissent dans les vallées et dans les montagnes;
8.8 pays de froment, d'orge, de vignes, de figuiers et de grenadiers; pays d'oliviers et de miel;
8.9 pays où tu mangeras du pain avec abondance, où tu ne manqueras de rien; pays dont les pierres sont du fer, et des montagnes duquel tu tailleras l'airain.
8.10 Lorsque tu mangeras et te rassasieras, tu béniras l'Éternel, ton Dieu, pour le bon pays qu'il t'a donné.
8.11 Garde-toi d'oublier l'Éternel, ton Dieu, au point de ne pas observer ses commandements, ses ordonnances et ses lois, que je te prescris aujourd'hui.
8.12 Lorsque tu mangeras et te rassasieras, lorsque tu bâtiras et habiteras de belles maisons,
8.13 lorsque tu verras multiplier ton gros et ton menu bétail, s'augmenter ton argent et ton or, et s'accroître tout ce qui est à toi,
8.14 prends garde que ton coeur ne s'enfle, et que tu n'oublies l'Éternel, ton Dieu, qui t'a fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude,
8.15 qui t'a fait marcher dans ce grand et affreux désert, où il y a des serpents brûlants et des scorpions, dans des lieux arides et sans eau, et qui a fait jaillir pour toi de l'eau du rocher le plus dur,
8.16 qui t'a fait manger dans le désert la manne inconnue à tes pères, afin de t'humilier et de t'éprouver, pour te faire ensuite du bien.
8.17 Garde-toi de dire en ton coeur: Ma force et la puissance de ma main m'ont acquis ces richesses.
8.18 Souviens-toi de l'Éternel, ton Dieu, car c'est lui qui te donnera de la force pour les acquérir, afin de confirmer, comme il le fait aujourd'hui, son alliance qu'il a jurée à tes pères.
8.19 Si tu oublies l'Éternel, ton Dieu, et que tu ailles après d'autres dieux, si tu les sers et te prosternes devant eux, je vous déclare formellement aujourd'hui que vous périrez.
8.20 Vous périrez comme les nations que l'Éternel fait périr devant vous, parce que vous n'aurez point écouté la voix de l'Éternel, votre Dieu.
La terre du lait et du miel Le Seigneur dit à Moïse : ''J'ai vu la misère de mon peuple en Égypte et je l'ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un bon et vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de miel…'' (Ex 3,8) Au niveau symbolique, les rapprochements avec la psychologie humaine sont plutôt rares, mais on peut reconnaître dans l'Ancien Testament une subtile évocation de la maternité par le symbole de la terre. Dans un autre ordre d'idée, le contact avec la terre représente un retour à un certain équilibre ou aux réalités concrètes. Si le serpent est condamné à ramper sur le sol, c'est pour le contraindre à revenir dans le droit chemin après une faute grave (Genèse 3, 14). De plus, la chute de Paul quand le Christ lui apparaît peut être vue comme un retour à la réalité après s'être perdu dans une fureur destructrice (Actes 9, 4; 22, 7). « Ton cœur s'est enorgueilli à cause de ta beauté. Tu as corrompu ta sagesse à cause de ton éclat. Je t'ai jeté à terre, je t'ai offert en spectacle aux rois. (. . .) J'ai fait sortir de toi un feu pour te dévorer; je t'ai réduit en cendre sur la terre, aux yeux de tous ceux qui te regardaient » (Ézéchiel 28, 17-18).
VOUS ÊTES LE SEL DE LA TERRE
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Matthieu 5.13
Matthieu 5.13. Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes.
La salinité chrétienne
Bien que ce passage ne fasse pas partie des Béatitudes, il constitue néanmoins une suite logique aux Béatitudes. Ceux que Jésus qualifie de bienheureux, c’est-à-dire les pauvres en esprit, les miséricordieux, les doux, ce sont les mêmes personnes qui, par leur ressemblance au Christ, vont agir comme du sel dans la société humaine. ‘L’homme béni des Béatitudes,’ nous dit Jésus, ‘est appelé à exercer une influence sur le monde qui se compare à celle du sel sur la nourriture.’
Prenez note du changement qui se produit à la dernière Béatitude. La formule ‘heureux ceux qui’ devient soudainement ‘heureux serez-vous.’ Les huit premiers énoncés se présentaient sous une forme impersonnelle. Toute personne qui possède ces qualités était déclarée bénie. Et lorsque nous lisons le v. 11 où nous retrouvons la dernière Béatitude, il devient évident que Jésus parlait de ses propres disciples. Heureux serez-vous (mes disciples), lorsqu’on vous outragera. Le pronom ‘vous’ apparaît à nouveau au v. 13, Vous êtes le sel de la terre, ce qui a pour effet de relier directement ce verset aux Béatitudes.
Symbole de la puissance purifiante de Dieu
Les chrétiens constituent le sel de la terre. Comment devrait-on interpréter cette comparaison des croyants au sel? Quelle est la signification de cette métaphore? Cette image du sel a pour but de montrer le rôle du disciple dans le milieu autour duquel il gravite. Son influence sur le monde se compare à l’effet du sel sur les aliments. Le sel possède plusieurs propriétés. Par exemple, nous savons tous que le sel a des vertus préservatives. Elle est employée comme agent de purification. Elle assaisonne la nourriture. Toutes ces caractéristiques du sel se retrouvent dans la Bible pour illustrer certaines vérités spirituelles. Regardons un exemple de l’action purifiante du sel dans la terre . Lisons 2Rois 2.19-22. Dans ce passage, nous retrouvons le prophète Élisée faisant usage du sel dans un but bien précis.
2Rois 2.19. Les gens de la ville dirent à Élisée: Voici, le séjour de la ville est bon, comme le voit mon seigneur; mais les eaux sont mauvaises, et le pays est stérile.
20 Il dit: Apportez-moi un plat neuf, et mettez-y du sel. Et ils le lui apportèrent.
21 Il alla vers la source des eaux, et il y jeta du sel, et dit: Ainsi parle l’Éternel: J’assainis ces eaux; il n’en proviendra plus ni mort, ni stérilité.
22 Et les eaux furent assainies, jusqu’à ce jour, selon la parole qu’Élisée avait prononcée.
Nous voyons ici le prophète Élisée jeter du sel dans les eaux de la ville de Jéricho. Il déclare par la même occasion, ‘J’assainis ces eaux.’ Élisée a rendu pures les eaux de la ville en y mettant du sel. Il s’agissait bien sûr d’un geste symbolique. Il ne faudrait pas penser que le seul fait d’ajouter du sel à une eau polluée la rend pure. Bien au contraire, l’ajout de sel aurait comme conséquence logique de la rendre encore moins propre à la consommation. L’action d’Élisée perdrait tout son sens si nous l’interprétions d’un point de vue strictement chimique.
On nous dit que les eaux de la ville étaient devenues mauvaises et la terre infertile. Cette situation était le reflet de la stérilité spirituelle du peuple hébreu corrompu par l’idolâtrie. La solution qu’apporta Élisée au problème de l’eau comportait un objectif bien précis, celui de démontrer la puissance assainissante de la sainteté. La signification de l’action d’Élisée reposait sur le symbolisme du sel. Les Israélites utilisaient le sel à des fins de préservation et de purification. Le miracle qui s’est produit à Jéricho ne dépendait aucunement du sel mais plutôt de la puissance de Dieu. Le sel n’était qu’un instrument symbolique. Remarquez les paroles d’Élisée : ‘Ainsi parle l’Éternel.’ Dieu a parlé par l’entremise de son prophète Élisée. L’autorité, la capacité à assainir provient de l’Éternel. Le sel est utilisé ici pour représenter la pureté et la sainteté. Il symbolise la puissance de purification qu’exerce la sainteté.
Ce type de symbolisme apparaît sous différentes formes dans les Écritures. On peut penser par exemple à l’utilisation de l’huile en Jacques 5.14. On lit qu’un malade est soigné par la prière et par l’application d’huile. Quelle est la signification de l’onction d’huile dans le soin d’un malade? L’huile possède-t-elle une valeur curative? Pas du tout. L’huile n’est pas considérée comme étant un agent thérapeutique en médecine. Elle ne possède pas non plus de vertu surnaturelle. Le rétablissement du malade n’est pas causé par l’huile qu’on lui verse. Dans la Bible, l’huile d’olive symbolise la personne et la puissance du Saint Esprit. Et dans ce passage en Jacques, elle sert à nous rappeler que Dieu est l’auteur de la guérison. L’huile en soi ne peut pas guérir un corps malade. La puissance nécessaire à la guérison réside dans l’Esprit de Dieu, symbolisé ici par l’huile.
Dans le cas d’Élisée, le sel n’est pas la cause du miracle de l’assainissement des eaux. Il s’agit plutôt d’un symbole spirituel représentant la puissance divine de purification. Lorsque Jésus déclare que les chrétiens sont le sel de la terre, il ne faudrait pas penser que nous possédons dans notre nature des vertus spéciales qui nous placent au-dessus du reste de l’humanité. Christ est en nous, et c’est ce qui fait toute la différence. Si nous sommes au monde ce que le sel est aux aliments, il faut rendre grâce à Dieu pour la puissance qu’il nous procure. Sans la présence de Dieu en nous, nous n’avons aucune vertu qui permet à Jésus de nous comparer au sel. Nous sommes ce que nous sommes uniquement par la grâce de Dieu.
Du sel sur toutes les offrandes
Considérons maintenant un autre exemple qui met en lumière la vertu purifiante du sel. Le sel possède la propriété de préserver les aliments de la putréfaction. À une époque où la réfrigération n’existait pas, on l’utilisait pour la conservation de la nourriture. Sur le plan spirituel, il symbolise la puissance qui freine la décomposition morale, ou mieux encore, qui empêche la corruption. Il devient à juste titre un emblème de pureté et d’incorruptibilité. C’est pourquoi aucun sacrifice dans l’AT ne pouvait être présenté devant Dieu sans avoir été saupoudré de sel. Du sel devait être ajouté dans toutes les offrandes. Cette prescription divine se trouve en Lévitique 2.13.
Lévitique 2.13. Tu mettras du sel sur toutes tes offrandes; tu ne laisseras point ton offrande manquer de sel, signe de l’alliance de ton Dieu; sur toutes tes offrandes tu mettras du sel.
Élément essentiel du système sacrificiel, le sel était répandu sur tout ce qui était apporté en offrande à l’Éternel. On comprend aisément la signification d’une telle ordonnance. La sainteté et la pureté doivent accompagner toute offrande présentée à Dieu. La triade sel-pureté-sainteté apparaît spécifiquement en Exode 30.35 où il est question de l’utilisation de l’encens dans le service du tabernacle : Tu feras avec cela un parfum composé selon l’art du parfumeur; il sera salé, pur et saint.
Ce principe s’applique également aux chrétiens qui se laissent conduire par la puissance de l’évangile. À la manière du sel qui altère la viande et en prévient la décomposition, l’évangile protège l’homme contre la décomposition morale engendrée par le péché. Tout comme le sel devait figurer dans tous les sacrifices, nous devons à notre tour devenir du sel, par l’action du Saint Esprit, lorsque nous nous offrons en sacrifice vivant à Dieu.
L’homme dont la vie est assaisonnée de sel possède une pureté qui le distingue du reste de la société. Il faut se rappeler que pour devenir une lumière, il faut d’abord la recevoir dans nos cœurs. ‘La lumière du Seigneur luira sur toi,’ dit Paul aux Éphésiens. Réveille–toi, toi qui dors, relève–toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera (Éphésiens 5.14). ‘Le Seigneur Jésus te fera briller de sa lumière.’ Ainsi nous devenons lumière après avoir reçu la lumière de Jésus en nous. De la même façon, ce n’est qu’après avoir accueilli l’œuvre purificatoire du Saint Esprit, illustrée ici par le sel, que nous devenons du sel.
Un langage assaisonné de sel
Donc l’Ancien Testament contient des instructions concernant l’obligation de répandre du sel sur toutes les offrandes consacrées à Dieu. Le Nouveau Testament reprend le thème du sel et l’applique à la vie courante. Paul nous dit que nos paroles devraient être assaisonnées de sel. Lisons ce passage en Colossiens. Ceci nous permettra d’explorer davantage la signification du sel dans le contexte du NT.
Colossiens 4.5. Conduisez-vous avec sagesse envers ceux du dehors, et rachetez le temps.
6 Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun.
Lorsque le chrétien s’exprime, ses paroles doivent être assaisonnées de sel. Voilà une curieuse façon d’enseigner. Qu’est-ce que Paul voulait communiquer? Comment parvient-on à assaisonner notre langage avec du sel? Il faut rechercher la signification spirituelle du sel qui se dégage de ce passage. Que représente le sel dans ce verset?
Notre passage principal en Matthieu 5.13 nous donne un important indice. Je dois vous prévenir que cet indice échappera à votre attention si vous ne disposez que d’une Bible en langue française. Que lit-on? Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? ‘Si le sel perd sa saveur.’ Cette traduction ne correspond pas exactement au texte original. Une traduction plus littérale se lirait de la manière suivante : ‘Mais si le sel devient fou.’ Aussi étrange que cela puisse paraître, le mot grec, traduit ici par ‘perdre la saveur,’ exprime en réalité l’action de faire des folies. Et malheureusement, nos Bibles francophones ne laissent pas transparaître cette particularité. Ainsi, lorsque le sel perd de sa saveur, c’est dans le sens qu’il devient ‘fou,’ ou qu’il agit follement.
Cette constatation nous permet maintenant d’avancer certaines conclusions. Tout d’abord, nous pouvons inférer que l’image du sel sert à désigner la sagesse spirituelle puisque le contraire de la folie est la sagesse. Au sens spirituel, une personne que l’on dit ‘folle’ est une personne qui manque de sagesse.
Il y a dans le langage hébreu un mot qui exprime clairement cette double idée de devenir fade et de devenir ‘fou.’ Ce mot se trouve en Job 6.6. Peut-on manger ce qui est fade (taphel) et sans sel? Y a-t-il de la saveur dans le blanc d’un oeuf? ‘Comment peut-on donner de la saveur à ce qui est fade? Comment peut-on manger un aliment qui a perdu son goût à moins d’y ajouter du sel?’ Le même mot hébreu pour ‘fade’ apparaît en Lamentations 2.14, mais cette fois-ci pour signifier la folie. Tes prophètes ont vu pour toi la vanité et la folie (taphel). Nous sommes donc en présence d’un mot ayant deux définitions distinctes mais qui sont reliées entre elles. La première désigne ce qui est fade, et la deuxième indique la folie.
La sagesse chrétienne
Il est important de souligner cette caractéristique car la sagesse, dans son sens biblique, possède une forte connotation morale et se retrouve souvent en opposition avec la folie ou la sottise. Prenez par exemple Proverbes 29.11 où il est question d’une personne au langage fougueux et d’une autre au caractère beaucoup plus conciliant. Le sot donne libre cours à tous ses emportements, mais le sage, en les réprimant, les calme. La sagesse se constate dans la conduite de l’individu. Elle a trait davantage à notre tempérament et à nos actions qu’à notre connaissance.
Dans le NT, le contraste se présente par l’opposition de la sagesse terrestre à la sagesse qui vient d’en haut. La sagesse terrestre est charnelle et démoniaque. À l’inverse, la sagesse d’en haut possède des traits qui nous font penser à Christ. Nous avons une liste de ses qualités en Jacques 3.17.
Jacques 3.17. Mais la sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie.
Je me demande si, en écoutant ce verset, vous avez pris la peine de compter le nombre de qualités qui composent cette liste. Combien en voyez-vous? (1) pure; (2) paisible; (3) modérée; (4) traitable; (5) pleine de miséricorde; (6) pleine de bons fruits; (7) sans partialité; (8) sans hypocrisie. Jacques décrit la sagesse d’en haut par ces huit qualités, plus une autre qui figure au v. 13.
Jacques 3.13. Lequel d’entre vous est sage et intelligent? Qu’il montre ses oeuvres par une bonne conduite avec la douceur de la sagesse.
La douceur de la sagesse. Huit plus un font neuf. À quoi la douceur vous fait-elle penser? Aux Béatitudes, bien sûr! ‘Heureux ceux qui sont doux.’ Et combien avons-nous de Béatitudes? Neuf Béatitudes. Étonnant! Est-ce une pure coïncidence? Nous avons récemment étudié les neuf composantes du fruit de l’Esprit en relation avec les Béatitudes. Nous avons aussi vu en quoi les neufs Béatitudes sont reliées à la prière du Seigneur. Et ici, Jacques nous parle de neuf qualités qui définissent la sagesse d’en haut.
Pourquoi mentionner tout cela? Parce qu’il y a un rapport direct avec le sel. En quoi consiste cette relation? La voici : le sel symbolise la sagesse céleste. Lorsque Jésus déclare que vous êtes le sel de la terre, cela signifie que votre conduite devrait refléter les neuf caractéristiques associées à la sagesse d’en haut.
Il y a tant de richesse à découvrir dans la parole de Dieu! Nous avons maintenant une compréhension plus approfondie des qualités qui caractérisent un disciple du Christ. On peut les envisager sous l’angle des Béatitudes. On peut aussi les décrire en fonction du fruit de l’Esprit. Et maintenant, nous pouvons les associer à la sagesse de Dieu et en faire des sujets de prière.
Se donner par la mort, le feu, ou la dissolution
Nous avons mentionné que dans l’antiquité, on se servait du sel comme agent de préservation. Il était particulièrement utilisé pour conserver la viande. Mais comment le sel freine-t-il la détérioration de la nourriture? Que doit-il faire pour agir correctement? Pensez à la dernière fois que vous avez consommé du sel. Vous avez saupoudré votre nourriture de sel pour lui donner du goût. En regardant votre assiette, qu’observez-vous? Le sel disparaît. Vous ne le voyez plus car il s’est dissout dans la nourriture. Ce phénomène met en lumière un important aspect de la vie du disciple et ce qu’il est appelé à accomplir dans ce monde.
Le sel fait effet lorsqu’il se dissout. En langage biblique, on peut dire qu’il disparaît ou qu’il ‘meurt.’ Jean 12.24 utilise l’image d’un grain de blé qui tombe dans la terre et qui meurt. En mourant, il donne naissance à d’autres grains et porte ainsi beaucoup de fruit.
Jean 12.24. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
Le sel opère de la même façon. Il tombe dans la nourriture et y meurt. Il s’est dissout. De cette manière, il peut porter du fruit en abondance, i.e. qu’il peut nous faire profiter de ses vertus préservatives. Si le sel ne se dissout pas, il ne pourra pas produire d’effet. Le sel agit par dissolution, en passant par la mort.
La même analogie peut s’appliquer à la lumière. Comment la lumière accomplit-elle sa fonction? Exactement de la même manière : en se donnant d’elle-même, en mourant. Regardez une chandelle qu’on a allumée. Qu’observez-vous? Avec le temps, elle se raccourcit. Si on emploie une chandelle comme source d’éclairage, on doit s’attendre à ce que celle-ci devienne de plus en plus courte à l’usage. Pour dégager de la lumière, une bougie doit brûler. Elle doit ainsi passer par la mort en se consumant par le feu jusqu’à ce qu’elle disparaisse complètement.
Et c’est précisément ce type de symbolisme que le Seigneur Jésus utilise pour décrire ce qui doit caractériser la vie de ses disciples. Il faut que l’huile brûle pour avoir de la lumière. Le sel doit se dissoudre et disparaître dans les aliments si on veut les préserver de la pourriture. La graine qui tombe au sol doit mourir. C’est alors qu’elle pourra fournir beaucoup de fruit. ‘Sinon,’ nous avertit Jésus, ‘le grain de blé restera seul.’ Le sel qui refuse de se dissoudre restera seul dans son coin comme un tas granuleux qui n’a aucune utilité.